La Psychiatrie et la Prévention des troubles mentaux
J’ai rencontré Claude LEROY dans les années 1972, époque où il s’occupait du laboratoire du sommeil à la MGEN. Il participait aux réunions et a été le fondateur avec Hubert MONTAGNER, Jacques COSNIER et moi-même du groupe de recherche en éthologie humaine. Il a organisé l’une des premières réunions internationales à la MGEN avec John RICHER et Norman SARTORIUS et bien d’autres grandes figures. Il s’intéressait déjà aux liens entre Urbanisme et Psychologie. À un colloque en Roumanie, il a exprimé ses idées avant-gardistes sur urbanisme et éthologie.
Toute sa vie, il a aimé partager des idées, des lectures et des rencontres. C’était un réel plaisir d’être en relation avec lui. Sa gentillesse, entre autres, voilà ce qui caractérisait cet humaniste.
Boris CYRULNIK
Neuropsychiatre, directeur de recherches honoraire (Laboratoire d’éco-éthologie humaine), Claude LEROY était président d’honneur de la Ligue française pour la santé mentale, après en avoir été le président de 1982 à 1996, succédant ainsi au professeur Paul SIVADON.
Il fut le premier rapporteur « santé-environnement » au PIREN-CNRS et coordinateur des recherches sur les écosystèmes urbains, il est l’auteur de 347 publications, livres et films portant sur la psycho-physiopathologie de la schizophrénie, l’étude expérimentale de la psilocybine, la relation entre la perception et l’imaginaire, l’image du corps, le bruit et le sens, la prévention et la prise en charge des maltraitances à enfants, les modifications des comportements en relation avec l’espace des prisons ainsi que ainsi que du temps cyclique et linéaire ou de la surpopulation.
Spécialisé dans les comportements et les relations à l’environnement il a été directeur de recherche du laboratoire d’éco-éthologie humaine de l’institut Marcel Rivière à la Verrière (MGEN).
Electrophysiologiste, il a aussi été responsable du système institutionnel de l’Institut Marcel Rivière dirigé par le Pr SIVADON.
Ses « différentes vies » se sont écoulées entre un laboratoire sur le sommeil et d’autres activités tout à fait éclectiques comme la promotion de la prévention dans les banlieues.
Témoignage de son esprit d’ouverture et sa passion pour le débat, Il aimait rappeler cette phrase de Paul RICOEUR: « Il n’y a pas de symbole sans interprétation mais toute interprétation est récusable ».
D’une manière générale, la prévention a constitué l’un des grands axes d’action de la Ligue Française pour la Santé Mentale, fondée par le docteur Edouard TOULOUSE en janvier 1921, reconnue d’utilité publique en 1922 et qui avait pour objectif initial l’ouverture du premier service libre de psychiatrie – Henri-Rousselle – à l’hôpital Sainte-Anne. Le nom de Claude LEROY s’inscrit dans la lignée des grandes figures de la psychiatrie française ayant participé aux travaux de la Ligue : Henri COLIN, Georges HEUYER, Henri EY, Jean DELAY, Pierre DENIKER, Pierre PICHOT, Charles BRISSET, Eugène MINKOWSKI, Paul SIVADON.
Claude LEROY était né en 1924, il a appartenu aux Forces Françaises de l’Intérieur dans le groupe médical de secours FFI en 1944.
Il avait reçu la Médaille d’Argent de la Recherche et de l’Invention, et était Chevalier de l’ordre de la Santé Publique.
Au nom de tous les administrateurs de la LFSM
Boris Cyrulnik et Rachid Bennegadi
Vice-présidents de la Ligue française pour la santé mentale