TULIPE – 38 ans – cadre infirmier
Le contraire de maladie mentale, le bien être psychique, l’ épanouissement global personnel affectif au niveau du travail, l’absence de stress, de dépression morale et l’absence de maladie ou de troubles quelconque au niveau mental
Le paradoxe c’est que dans un dispensaire de « santé mentale » on soigne la maladie mentale
De quoi dépend une bonne santé mentale ?
Du passé, et pendant l’enfance d’un bon relationnel avec les parents ce qui a permis de se construire donc d’avoir des armes pour avancer dans la vie
du présent, projets aboutis tant du niveau affectif que professionnel car sinon blocage
et du futur pour avancer
En fait tout dépend de l’environnement, affectif, et de sa propre valorisation, du dynamisme de vie, une assise, des bases
avec en « prime » pouvoir maintenir un bon niveau social
A partir de quel moment la santé mentale est-elle en péril ?
Quand on ne peut plus se projeter dans l’avenir, quand on se dévalorise et quand personne ne vous aime et quand il y a trop de pression, d’absence d’équilibre et de dérapage dans la vie affective
Qui est responsable de cette perte de santé mentale ?
Le chômage, l’insécurité, les transports, fatigue excessive, le manque de temps à consacrer aux enfants.
Quels sont les problèmes spécifiques de mauvaise santé mentale liés à votre travail ?
Le stress par rapport à la charge de travail, la confrontation à la démence qui atteint des gens de plus en plus jeunes, – à partir de 50 ans et même 45 – et pour lesquels il n’existe aucune structure d’accueil mais qui ont néanmoins un très bon niveau aussi bien intellectuel que social et qui sombrent dans la démence.
C’est un miroir difficile à assumer.
Ce qui est aussi très impressionnant ce sont les alcooliques hospitalisés dont le cerveau est détruit par l’alcool.
On a l’impression de n’être à l’abri de rien ; Il n’y a plus ou très peu de place en hôpital psychiatrique et nous avons des malades psychiatriques chroniques.
Nous accueillons également de graves accidentés de la route paraplégiques qui restent tant qu’ils n’ont pas accepté le handicap.
Quelle est la principale source de stress dans votre métier ?
Nous sommes confrontés à la mort, on ne s’y habitue jamais. Paradoxalement c’est peut-être plus facile en maison de retraite car c’est la suite logique de la vie mais la remise ne question de soi est souvent douloureuse
Quels sont les signaux qui vous alertent chez vos collègues ?
Plusieurs collègues ont été arrêtées pour dépression. Cela dit l’équipe est là. La fatigue physique.
On observe que la personne se “ferme”, elle rit moins, elle pert l’appétit, elle manque de vigilance.
Quel terme plus approprié choisiriez vous pour désigner la maladie mentale ?
Souffrance mentale pour tout ce qui est stress , pour l’incertitude du lendemain, ou la non reconnaissance du travail bien fait j’appellerai plutôt cela la souffrance psychologique.
Pour apporter une amélioration il faudrait envisager la formation pour les employés et les chefs en communication, le yoga pour gérer son stress, valoriser les gens, les faire participer.
En cas de souffrance psychologique qui iriez vous consulter ?
Un psychologue
Quels sont les rôles respectivement, du psychologue, du psychiatre, du psychanalyste ?
Psychologue : c’est plus une discussion sans « traitement » pour réfléchir sur soi, c’est plus ponctuel pour passer un cap et qui oriente éventuellement
Psychiatre : un médecin qui soigne les maladies mentales
Psychanalyse : il fait des analyses, une aide et un traitement pour supporter les « choses » mais il ne s’agit pas d’un traitement de maladie mentale. Toutefois l’analyse n’est pas prise ne charge par la SS, c’est plus une introspection pour “le plaisir” ( !) mais ça peut durer des années.